vendredi 14 mars 2008

La Zwanze

Toujours dans mes paperasses journalistiques d'un temps anciens, je suis tombé sur un article faisant référence à une tradition bruxelloise, la bien-nommée "Zwanze". Personnellement je n'ai pas vraiment bien compris ce que c'était, mis à part un énorme canulaire que l'on fait à quelqu'un d'autre. Allez savoir, si la réputation de la blague belge, ou du belge farceur ne viendrait pas de cette tradition là.

Sur "eurobru", un site pratique pour glaner quelques minuscules infos supplémentaires et surtout des photos sur Bruxelles, la Zwanze est mis en parallèle avec l'estaminet, le troquet du quartier. C'est là, que les Bruxellois viennent s'épancher dans le "vin du nord", la bièrrrrrrre, et trouver les dernières blagues à faire.

Toujours dans notre cher journal catholique, Le Journal de Bruxelles, et toujorus en date de 1897, comme l'histoire de la cruche à café transformée en bombe, un petit article sur l'exemple typique de la zwanze est paru:

31 mars 1897.

Faits divers.

La zwanze.- il n’est pas content, M. M…., ce cabaretier de la rue du Pépin, auquel de mauvais plaisants ont joué un désagréable tour. Pas content du tout et, franchement, il y a de quoi. Oyez plutôt :

Lundi soir, M. M…., servait les nombreux clients qui avaient pris place dans son café, lorsqu’un homme entra tout à coup : « C’est bien ici qu’habite M. M…., fit-il. J’apporte des lacets de bottines. C’est un franc ! ».

Ahuri, M. M…., ‚avait nullement commandé ces objets, les refusa. Au même instant, une autre personne entra, apportant, elle, un jambon. Puis ce fut, pendant deux heures, un défilé ininterrompu de fournisseurs, apportant les uns du lard, les autres des œufs, des brosses à dents, du cirage ou des pieds de cochon.

M. M…., affolé, ne parvint à arrêter la cohue envahissante de tout ce monde qui par parenthèses était muni de notes acquittées et prétendait ne s’en retourner qu’avec de l’argent, qu’en fermant son établissement.

Le pauvre homme !

Après avoir passé une nuit agitée, il ouvrit hier matin sa porte. Aussitôt recommença le défilé des raseurs. Voitures de déménagement, charrettes à bras, cercueil et corbillard, rien n’a manqué. Cela dure même peut-être encore.

M. M… s’est bien juré de découvrir les auteurs de la mauvaise blague, et comme, lui-même, il entend fort bien la zwanze, on peut être sûr qu’il prendra sa revanche.

Ou juste pour le plaisir de notifier encore un petit élément, sur une Zwanze qui eut lieu également en 1897 dans les faubourgs de la ville de Bruxelles. Un propriétaire d'une estaminet a retrouvé un matin sa voiture totalement démontée. Il découvre, après de nombreuse question et sous le regard avisé d'un de ses amis, que quelqu'un avait mis dans le journal un article dans lequel il proposait que chacun puisse prendre des morceaux de sa voiture gratuitement. Les gens ont accouru aux heures indiqués dans l'article. Après la reconnaissance de ces faits, il publia un article expliquant que ce n'était qu'une vaste blague, et qu'il était victime d'une Zwanze. Le journaliste témoigne, comme quoi les gens lui ont ramené tout ce qu'ils avaient pris.
Comme quoi, un fairplay existe dans le principe de la Zwanze. Reste que c'est au propriétaire de la voiture qu'il incombe de la remonter entièrement, et de trouver encore cet ami qui lui boulait tant de bien!

Aujourd'hui, ce qu'il en est de la Zwanze? Il paraît que c'est encore un état d'esprit, celui du bon festoyeur belge, celui qui a le plaisir de la vie douce et farceuse, et qui n'hésite pas à rire ou à faire rire quand il le peut. C'est une bonne bière entre amis, une bonne soirée où il adviendra ce qu'il pourra!

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