mardi 13 novembre 2007

Petite page d'actu pour les français qui n'y comprennent rien à la situation belge...

Il y a maintenant presque un mois, j'ai suivi une conférence de Kris Deschouwer (professeur à la VUB) à l'ULB dans le cadre du CEPULB. Cette conférence fut très instructive, notamment pour un petit français qui débarque dans un pays qui n'a pas de gouvernement à la tête de l'Etat depuis plusieurs mois. Dans notre système centralisé, on sait très bien que ce serait invivable, l'anarchie, alors qu'ici, pour y vivre, on a l'impression que finalement, ce n'est pas si grave. L'anarchie ne règne pas, la police fait toujours sont travail, les institutions fonctionnent, les fonctionnaires reçoivent leur argent, etc etc. Ce n'est donc pas si grave. Même si l'on voit de nombreux drapeaux belges en berne aux fenêtres des appartements de Bruxelles ou des maisons de wallonie, on ne veut pas croire, et d'ailleurs on ne croit pas en la séparation éminente relayée par les politiciens ainsi que les médias.
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Le language actuel des médias et l'explication de la situation politique dans l'opinion est bien trop simpliste. De fait, on ne retrouve aucunement la réalité dans les faits, ni même une bonne traduction des événements. Les Communautés ont toujours eu une tendance politique très différentes. De plus, les institutions en Flancdre sont beaucoup mieux organisées depuis que la Communauté et la région aient fusionnées, ce qui lui permit d'avoir un certain poids au niveau européen, et de dépasser le niveau national.
1-Evolution électorale en Flandres: 1960's à nos jours, au niveau fédéral.

Les changements au cours de cette période sont énormes. Au début des années 60, le CDV (parti catholique démocratique) est le grand parti. Au début des années 80, la codification est plus complexe, devant une région beaucoup plus divisée au niveau électoral. 4 partis en 2007 se tiennent dans un mouchoir de poche aux élections: libéraux, socialistes, chrétiens et surtout le Vlaams Belang.

La démocratie chrétienne. Parti dominant dans les années 60, s'effondre dans les années 80, perdant des sièges. La Flandre se sécularise, où plus que 60-70% votent encore pour ce parti (au sein du parti). Cette sécularisation est due à l'urbanisation croissante de la région, où, à peine en deux générations ses petits villages disparaissent au profit des villes. Même le scoutisme perd son titre de "catholique". Coté francophone, le CDh (parti catho) connaît la même évolution.

Le Parti socialiste n'est pas très important en Flandres. Il débute en 1961 à 30%, mais souvent en baisse, où en 1999 est le plus petit parti socialiste d'Europe à environ 15%, et même en 2007 à 16%. Totalement différent côté francophone, car plus puissant. En 1991, c'est aussi lui qui paiera la montée du Vlaams Block, alors qu'en Europe cela fut toujours les partis travailleurs, donc l'extrême gauche.

Le Parti libéral [Open VLD], une tendance différente, car il fait appel aux catholiques pour augmenter ses effectifs et ses nombres de voix aux élections. Avec Guy de Verhorstadt, le parti continu lentement à monter jusqu'en 1999, prend la première position en Flandre et donc en belgique au pouvoir. Après avoir été au pouvoir, il se heurte à la défaite. Dans ce parti, il y eut de nombreuses dissidences, discussions internes, comme J-M de Decker qui créera son propre parti et entraînera un affaiblissement du VLD. [A ce moment, en Wallonie, le M.R. le parti libéral prend de plus en plus d'importance].

Les Verts, de type normal pour l'Europe, entre 5 et 7% aux élections, malgré des thèmes de campagne très populaires. En 1999, forte croissance à cause de la crise de la dioxyne, mais après avoir été au gouvernement, a connu une forte chute. Beaucoup sortent de la jeunesse catholique, du scoutisme, qui se sont détournés de la démocratie chrétienne.
Le Vlaams Belang, qui connut en revanche une très belle évolution, en tant que mouvement de contestation. 1991, change sa stratégie, copiant la formule Le Pen dans les problèmes de sécurité, d'immigration, jouant la carte de la xénophobie, qui prend facilement. Après s'être installé à Anvers contre une coalition socialiste, il change sa stratégie. Parti très fort, presque 20%, qu'il faut comparer aux partis d'extrême-droite autrichien, danois ou norvégien. Depuis 1991, on parle constamment du Vlaams en Flandres, dont on a décidé de l'ignorer, alors on change la technique car il continu à croitre dans sa position polique. Les éléments de cette montée:

-Electorat très disponible, donc facile à changer son vote, un électorat qui bouge beaucoup.
-La différence idéologique entre les grandes familles politiques sont de plus en
plus limitées : "ce sont tous les mêmes": à la Le Pen.
-Le Vlaams s'est assis sur la structure ancienne avec des sections locales, c'est un parti qui sait
se taire, et ne parle qu'en cas de crise, de problème. De même un nombre restreint de mandataires prennent la parole.
-Il reste le parti d'opposition, lui permet la vie longue.

Le cordon sanitaire décidé en 1991, entraîne l'impossibilité de coalition, ce qui ne fait finalement que le renforcer.


2-La structure régionale.

En Flandres, la différence entre région et communauté n'existe presque plus depuis la fusion. Côté francophone, Bruxelles et la Wallonie sont deux régions et en plus, la présence de Bruxelles pour la communauté française complique la donne, dans laquelle un bruxellois francophone sur 5 est rattachée à cette institution. La fusion entraîna la création d'un seul parlement, d'une seule institution et un budget, beaucoup plus simple que du côté francophone.



La Flandres se présente en Europe comme une entitée à la hauteur de l'Ecosse, la Catologne, la Lombardie. La Wallonie aussi, mais ne bénéficie pas des leviers de la "Communauté" comme la Flandres. La région en profite pour se forger une histoire plus régionale, dont le XIX è siècle miséreux disparaît totalement des programmes. La ligne droite historique entre la Flandre historique et le niveau technique actuel ne prend pas en compte sa période de région d'émigration.

Le Néerlandais a survit, l'identité est basée sur cette langue, mais se présente au monde par l'anglais. Le pourcentage de personne qui connaissent très bien l'anglais est plus important en Flandres qu'en Wallonie. On s'aperçoit que la moitié des flamands le parle, dont Anvers le plus et Bruxelles à 57%. Selon l'Europe, le bilinguisme a beaucoup baissé en Flandres, où l'anglais écrase progressivement le français, ce qui est difficilement comparable avec la Wallonie où très peu, une infime minorité parle le flamand.



3- La structure fédérale.


Les coalitions politiques sont toujours les mêmes au pouvoir fédéral, et les mêmes dans l'opposition aussi. Cela hiérarchise les partis, dont le plus important reste celui qui est au niveau fédéral. Le grand problème qui se pose aujourd'hui, c'est le fait que les coalitions des partis mirroir ne fonctionne plus, déjà qu'il n'existe pas de parti national en Belgique.


En 2004, les flamands forment la tripartite, seul gouvernement possible car il n'est pas possible de concilier avec le Vlaams, ni les verts. C'est donc la première fois que le ministre fédéral sera différent que celui de la tripartition nationale.

Les problèmes qui se posent comme par exemple BHV (Bruxelles Halle Villevorde) doivent être pris en charge par les gouvernements et non plus par les présidents des partis comme auparavant. Côté francophone, le PS s'est détaché du M.R., et s'est allié avec la démocratie chrétienne ce qui entraîne donc une nouvelle situation. Résultat? 2007, c'est l'élection au pouvoir fédéral de partis régionaux et non pas nationaux. Chacun se présente de son côté, avec un ensemble de projet concernant la position de la région au sein de l'Etat. Les discussions se font de plus en plus dures parce que chacun cherchent à convaincre son électorat, et les discussions se bloquent.


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Voilà grosso modo ce que j'ai noté de cette conférence. Même avec les explications ça reste compliqué. Il faudrait que je fasse une petite recherche pour mieux saisir les compétences de chaque entitée administrative... Donc les billets sur la Belgique vont pleuvoir aussi, n'est-ce pas le but?

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