jeudi 14 février 2008

Et j'allah le loué à Scherpenheuvel/Montaigu

Montaigu pour les francophones, mais Scherpenheuvel pour les flamands... (à vos souhaits, dit l'Alsacien qui habite à Staffelfelden, non loin de Ungersheim ou du Hartmannswillerkopf..., ouai j'suis pas trop bien placé pour l'ouvrir). Bref, dimanche passé, j'ai eu l'occasion de faire une petite visite de ce haut lieu de pélerinage belge.

Le village se situe près de Louvain, entre Aarschot et Diest (ce détail est important pour mettre la main dessus sans carte), et est issu d'anciennes pratiques religieuses autour d'un chêne sacré sur une colline, là où s'élève à présent la Basilique. C'est en ça que je trouve ce lieu de pèlerinage intéressant, il part de superstition, récupéré par l'église catholique. Je m'explique:

Certaines sources font, paraît-il, état de la vénération de ce chêne dès 1300, célébré par les Germains, qui lui attribuaient des vertus curatives. En 1603, l'évêque d'Anvers décida pour mettre à bas la religion de ces ignorants animistes, d'abattre l'arbre vénéré, bien que des statues mariales y avaient été accrochées, histoire d'en imposer un plus la foi chrétienne. Ainsi, la chapelle construite en 1602 remplaça le vieux chêne, et avec les archiducs d'Espagne Albert et Isabelle, la chapelle devint une Basilique, et Scherpenheuvel devient l'un des plus grands centres de pèlerinage de la Belgique.

Un article de 1986 dans une revue Lumen Vitae - Centre international d'Etudes de la Formation Religieuse parle de persistance dans les rîtes particuliers qu'on peut trouver en ce lieu de pèlerinage. Pour ma part... j'n'en ai pas vraiment vu de particulier, mis à part, l'interrogation d'observer deux ou trois chemins de croix, chacun avec sa difficulté. Le premier aux abords de la basilique, un parcours plat et court. Le second autour de la Basilique, un parcours plus complexe, pavé et en pente; enfin le dernier, plus grand, au bas de la Basilique, sur chemin de terre battue.






Voilà ce qu'ajoute l'article:

"A Montaigu, le peuple vit sa foi en l'exprimant à sa manière, dont on ne peut guère modifier... Nous en avons fait une expérience frappante: une pratique caractéristique des pèlerins consiste à jeter de l'argent sur les marches de l'autel, et de préférence des pièces de monnaie. Cette coutume remonte au geste de l'archiduchesse Isabelle, qui, en 1627 déposa sur ces marches une caissette de bijoux pour montrer que dans ce monde le bien matériel reste une futilité. En remplacement de ce geste, qui dérangeait la messe par un bruit incessant, les clercs proposent aux pèlerins de jeter ces pièces désormais dans un tronc... Rien à y faire, le tronc est resté vide et le bruit métallique des pièces sur les marches de l'autel continua à écorcher les homélies.

La bénédiction avec l'image sainte de Marie. Le prêtre place lui-même l'image sur le front des officiants, en silence. Ceci permettant au fidèle d'entrer en contact avec cette image, et donc aussi avec Marie; et de l'autre, ce geste comporte comme une "imposition des mains", signe ancien de bénédiction et de transmission de la grâce."


Les fins de messe finissent par une procession autour de l'autel et vers le chemin de croix (lequel?), dont selon la requête, il est nécessaire de le faire dans un sens précis. Si celle-ci peut attendre, le pèlerin peut le faire à l'endroit, donc dans le sens chronologique du jour de la crucifixion du Seigneur. En revanche, si c'est urgent, le pèlerin devra le faire dans le sens inverse... Dieu repère toujours plus facilement les brebis égarés, et n'est-ce pas au berge de nous remettre sur le droit chemin... Ainsi, requête vers le ciel, sens inverse sur le chemin de la rédemption!








[moi en pèlerin pour ceux qui ne m'auraient pas reconnu...]=====================>>>>>>


En tout cas... ce que moi j'ai vu de Scherpenheuvel ou Montaigu, c'est selon, ce fut une lignée de restaurants, de petits bars, de magasins (vêtements, brocantes), et face à la Basilique, deux ou trois bazars religieux. Je me permets d'appeler cela des "bazars" dans le sens, où l'on y trouve de tout. Du Putti à la lampe décorative sans indication religieuse, au cadre bucolique pour les photos souvenirs, du puzzle Jésus Christ au mode d'emploi du chapelet à égrener en psalmodiant son cantique ou sa prière (plutôt la dernière je crois).

Il n'y avait pas vraiment de monde, du moins, j'avais l'impression que les gens étaient plus côté magasins, que côté Basilique, où des messes se succédaient (en revanche, ... à chaque fois bondées). Mais à côté de cela, le lieu m'apparaissait fané en terme religieux, un peu à bout de souffle. Il n'y a plus que les abords de la basilique qui tourne encore autour du thème de la religiosité, le reste est celui d'une petite ville flamande, sans prétention aucune... Un témoignage d'une vieille dame tirée de l'article me semble résumé un peu l'impression que j'ai eu:
"Je n'avais rien à faire aujourd'hui, alors je me suis dit, je vais aller prier à Scherpenheuvel et manger une pâtisserie". Ben si j'n'avais pas fait régime, je crois que j'aurai fait à peu près la même chose....
Mais y'a des vidéos qui circulent sur le net, alors avis au fervent, c'est parti pour la Pilgrim Party!




Et pour ceux qui sont tentés de voir le pèlerinage contemporain, une autre petite vidéo, pour prouver que même avec carte, il apparaît que ce n'est pas évident à trouver. De même, nous pouvons observer que la vie du pèlerin est toujours aussi complexe, depuis que l'asphalte est apparue, il marche sur le bitume, et dieu merci, le bonne vieille taverne pour y boire sa Piels! existe toujours aussi De Diou!

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