samedi 21 juin 2008

La vach'art dramatique à Bruxelles

En 2003, Bruxelles avait accueilli la fameuse exposition internationale Cow Parade, au cours de laquelle plusieurs artistes internationaux ou locaux ont peint une vache en fibre de verre, puis la laissèrent paître tranquillement dans un recoin de la ville. Qui aurait pu penser que cela était le début d'une véritable histoire à la belge?!

Cette manifestation a remporté à la fois un vif succès, et une vive polémique par la même occasion. En effet, la presse a d'abord encensé l'évènement, puis s'est amusée à le démonter, suite à des intérêts marketing trop importants des banques belges et autres industries qui ont parrainé telle ou telle vache, puis pour finir, a marqué son indignation sur les méfaits que subissaient les vaches, dont le point culminant a été le vandalisme que certaines d'entre-elles ont subi, et même la disparition de Deci-Bella, une vache parrainée par Fortis. Les organisateurs s'enflamment alors, expliquant que ces vaches seront après l'exposition plein-air vendues aux enchères, omettant le fait que les parrains (banques, industries, etc) toucheront 22% du pactole remporté, se remboursant alors une partie de leur investissement. Le reste sera versé à une oeuvre caritative. L'artiste dans tout ça, celui qui a peint l'oeuvre? apparemment rien n'est prévu pour lui.

Après qu'on ait reçu la lettre de réclamation de Déci-Bella, qui appelle à "l'émeuh - te", une seconde vache a disparu, mais on en parla moins... Jusqu'au jour, où on a retrouvé sa moitié, puisqu'elle aura été immolée, symbole de la grogne des artistes qui demandent un art décommercialisé! La presse s'enflamme comme jamais, au point que des leçons de morale de-ci de-là apparaissent, signées du sabot de la vache, comme la fameuse vache Victorine:

"Aujourd’hui, seuls les hindous nous honorent encore. Aux Indes, nous sommes libres et protégées de Krishna (…) Et c’est sans compter qu’en retour, nous y offrons aux hommes notre lait, nos fils pour qu’ils tractent les charrues et notre bouse pour qu’elle nourrisse la terre (…) Là-bas, nous sommes encore sacrées. Et présentes dans les villes telles des ambassadrices rappelant aux humains le respect qu’ils doivent à leur terre nourricière. C’est un peu pour cela, aussi, que nous étions installées pour l’été à Bruxelles".
Bon, ce que vient faire cette morale soit-disant pro-artistique en donnant une justification sacrée, se moquant même des Hindous, du fait qu'ils vénèrent de vraies vaches eux, et non des vaches peintes, et de surcroit constituées en fibre de verre, sans compter le sponsoring fait derrière, c'est un peu exagéré. Néanmoins, vu la fureur médiatico-artistique du moment, on s'aperçoit que cette triste indignation mène au point culminant du n'importe quoi!

Pour clore ce scénario de l'improbable et pourtant du réel, les organisateurs de l'exposition sont jusqu'à aller demander le renfort des services de l'ordre et de société de sécurité pour faire face à l'assaut des commandos anti-vaches et des vandales. Certains pensaient même placer les vaches sous cloches et demander à ce qu'une enquête sérieuse soit ouverte, puisque ces actions faisaient pâlir l'image de la capitale. Bref, encore une fois le spectre de la société sécuritaire est brandi pour se débarrasser de ces artistes embarrassants, finalement les seuls laissés pour compte de cette campagne marketing et commerciale. N'empêche, c'est peut être con.... Mais ils ont dû vraiment se marrer à organiser ces enlèvements!

Sinon, ben j'en ai croisé deux de ces vaches ces derniers jours... C'est ça qui a motivé ce billet d'ailleurs! La première dans une école à Uccle, près de Drogenbros, qui est maintenant la vache chétive des enfants, puisqu'elle sert d'attraction dans la plaine de jeux de l'école. Elle est bien sûr à l'abris des regards, mais apparemment, sous témoignage d'un élève, sa vie est dure, puisqu'elle aurait déjà été par deux fois victimes d'une chute de la tête... La seconde était par contre à l'extérieur, en train de paître dans une ruelle de Woluwe-St-Lambert, sans doute qu'elle doit y vivre des jours heureux maintenant.

Incroyable histoire.....

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