lundi 15 octobre 2007

Second week end de la Biénnale

Il y a des semaines à vide comme celle-ci, où je n'aurai pas fait grand chose d'autre que de travailler, et de dormir... Mais heureusement, j'ai les week-end biénnale pour pouvoir raconter un petit quelque chose!

Cette semaine ma librairie s'est étalé dans une cours de récréation d'une école construite par l'architecte Jacobs, qui a comme particularité par rapport à un Horta ou un Hankar, qu'il n'a travaillé que pour l'édification d'école et de logements sociaux. Tout comme les deux autres, il est dans la mouvance art nouveau, et travaille à ce que son art soit reconnu comme un art total. Pour l'école rue Herkoliers à Koekelberg, il s'est associé avec Adolphe Crespin, qui s'occupa de la décoration en sgraffitti, de la cours, ainsi que celle de la façade. Cette école de la fin du XIX è siècle correspond parfaitement aux attentes des Communes et des conceptions développées autour de la lutte entre les écoles du réseau catholique, qui adopte le style néo-flamand, et le réseau laïque, qui adopte le style art nouveau. A travers ce goût développé pour l'émulation intellectuelle, artistique, mais aussi industrielle de cette fin de siècle, le réseau laïc veut se détacher de la conception obscurantiste et passéiste du clerger. Pour cela, ils adoptent l'art nouveau, un art total, qui utilise tous les matériaux des nouvelles productions industrielles, et des nouvelles possibilités d'assemblage.

Voici l'école rue Herkoliers, la façade:







































La façade est assez classique, austère, sobre, dont la seule marque réelle de la fonction du bâtiment est indiqué à travers la représentation du hibou. Voilà donc un sgraffito, qui est une technique de superposition de ciment de couleur foncé et de couleur plus clair afin de faire une nuance à travers le cisellement pour faire apparaître la couche foncée. La couche du dessus est ensuite peinte pour la variation des couleurs du motif. Le hibou est le symbole de la sagesse et du savoir. Celui représenté sur cette façade triomphe au centre du motif, or, il paraît que le symbole n'étant pas suffisamment clair, il était de livres, et d'autres symboles. La note art nouveau n'est pas la technique du sgraffite, puisque celui-ci est connu en Europe depuis la Renaissance, mais plutôt la symbolique de la fresque et la stylisation des motifs, tel que la fleur stylisée qui entoure le hibou, ou encore les courbes.


Mais le plus intéressant est le préau, où Jacobs a demandé à Crespin de peindre une représentation des 5 continents. A. Crespin était enseignant à l'école de la ruche à Schaerbeek, où il y enseignait le dessin élémentaire d'abord, puis le dessin des ornements floristiques et faunistiques. Cette conception de l'école à travers l'art nouveau tient du fait que l'ensemble des éléments présents ont une fonction soit utilitaire, soit une fonction d'ouverture de l'esprit, ce qu'on comprend tout à fait dans la symbolique. Mais d'abord la fresque en elle-même:
















La fresque se marie tout à fait avec le reste de la salle. Les briquettes de couleurs ocres sont reprises dans la fresque qui adopte les mêmes tonalités. C'est une des particularités de Crespin, qui cherche en permanence à glisser son oeuvre dans l'architecture et dans la composition d'ensemble.
















Les 5 continents rassemblent quelques animaux, et quelques fleurs ou arbres, offrant là, une petite encyclopédie de faunes et de flores. En même temps, comme on peut le voir, au centre de ces sortes de gerbes de fleurs, nous trouvons plusieurs symboles, qui sont autant d'expression symbolique de la connaissance, de la liberté....:

La science la zwatsvika la ruche avec
(le bonheur) ses abeilles travailleuses


la flamme de la laicité le génie la corne d'abondance

le livre les instruments de l'architecte

ou les instruments de la franc-maçonnerie?
Voilà la symbolique, et pour finir, les ouvertures lumineuses du préau, avec les instruments de l'architecte toujours, dans cette idée d'un savoir qui se construit au fur et à mesure du chemin de la vie:

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