dimanche 7 octobre 2007

Premier week end de la biénnale

Me voilà salarié en Belgique. Je travaille dans le cadre de la biénnale "Voir et Dire" (conglomérat d'associations), qui organise une manifestation autour du patrimoine Art Nouveau de la ville. Pour cela, ils ouvrent les portes de certaines maisons de la fin du XIX è siècle, ou des bureaux qui occupent ces immeubles. L'Art Nouveau est un Art total, un art qui allie architecture, à décoration intérieure, à style de vie, à peinture, à exentricité, etc etc. Etre propriétaire d'une de ces maisons s'avèrent être une véritable culture, un véritable art de vivre. Dès que je récupère mon vélo, je mettrai en ligne une petite visite Art Nouveau dans les quartiers de la capitale européenne, à travers des photos.

Deux noms principalement, Victor Horta et Paul Hankar, qui sont véritablement les initiateurs du mouvement Art Nouveau à Bruxelles. L'un est flamand, l'autre est Wallon et tous deux ont égayé la ville de leur ligne fuyante, de leur asymétrie, de l'extravagance de leur façade, et de leur aménagement intérieur. Malheureusement, ce qu'on appelle ici la "bruxellisation" a entraîné la destruction d'une bonne partie de ce précieux patrimoine, si bien sauvegardé dans d'autres villes, telle que Prague par exemple. A Bruxelles, nous en comptons encore environ 500 selon les guides qui étaient avec moi durant le week end.


Pour ma part, je suis libraire au cours de cette biénnale. J'en profite ainsi pour avaler ce que je peux sur l'art nouveau et pour mieux comprendre ce phénomène, extrêmement lié à la dernière grande période d'industrialisation, celle de l'industrie lourde, la métallurgie.


J'étais dans les locaux d'une ancienne maison de maître, 56 rue Coenraets, du dernière quart du XIX è siècle. La maison est d'un style tout à fait classique, et donc n'a pas d'attrait esthétique Art Nouveau de l'extérieur. C'est son intérieur qui se révèle plus intéressant, bien qu'il paraît que c'est un intérieur tout ce qu'il y a de plus classique dans sa composition.



Tout d'abord, l'extérieur, avec une façade tout à fait classique, dont seul la goutière est stylisée, avec des médaillons tête de lions, et de petits chapiteaux ornés de carré. denticules*(Yes j'fais un effort pour utiliser les mots de l'architecture!)
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* se référer à la petite note dans le commentaire
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Mais voici ce qu'on y trouve de plus intéressant. On appelle cela la succesion des trois salons:



Le premier est d'un style tout à fait classique, un peu genre Louis XVI, style Renaissance, comme on en retrouve beaucoup en france:



Ce style s'accomode d'ailleurs tout à fait avec l'esthétisme de la façade. Dans le principe de la maison bourgeoise, on peut d'ailleurs imaginer, qu'il y ait une concordance, car souvent dans les principes d'art nouveau, l'intérieur rappelle l'extérieur, un peu comme si tout faisait eccho, et à travers l'eccho, se transforme progressivement pour arriver à autre chose, sans que cela choque, car on y parvient petit à petit. Ainsi du style classique du premier salon, l'entre salon est d'un style néo-flamand, boisé, brun, mais qui reste d'un style classique. Cependant, il ne faut pas s'y méprendre, les colonnes ne sont pas du bois, mais ce sont des cylindres métalliques peints. Les guides parlaient de fonte, mais là j'doute un peu, on aurait dit que c'était bien plus léger, qu'un énorme morceau de fonte, d'autant qu'il y avait une belle résonnance lorsqu'on y toquait:






La pièce reste ainsi très aéré, avec un plafond classique, seul les murs sont décorés de styles néo-flamands, dont les détails, très rares, restent eux-aussi assez classique. (en revanche pour le goût de chiotte en ce qui concerne le pseudo lustre, à savoir une coupe en aluminium genre rangement fagot de bois, on se serait abstenu!) ça fait bien non?

















Pour passer enfin, à la salle la plus caractéritique de l'époque Art Nouveau, le Jardin d'hiver, ou la véranda en version actuel. Le cadre en bambou joue le rôle du rappel des colonnes de l'entre salon néo flamand, et les fleurs sans doute le rappel de la flore de l'extérieur, qui auparavant, lorsque la maison était achevée, devait être un jardin.


















On retrouve donc 3 panneaux, enfin surtout deux, peint sur céramique. Fin XIX è siècle, l'hygiénisme passe par là aussi. En effet, la céramique posé ainsi au mur permet de nettoyer facilement une pièce directement en lien avec le jardin, et, permet de décorer à travers de belles peintures les murs, avec des représentations particulières, de style art nouveau. Ainsi on voyage de pièce en pièce ainsi, et on trouve à travers une correspondance incroyable une continuité entre la façade extérieure et le jardin, sans même qu'on s'en aperçoive.


Les céramiques présentées dans cette maison, qui ne sont pas reproduites d'ailleurs, et seuls les gens qui ont participé à la biénnale ont pu en profiter, ont été réalisé à Sarguemines en Lorraine. Apparemment, cela se faisait couramment en Belgique ce type de décoration murale. Il suffisait d'envoyer un bon de commande à la manufacture de Sarguemines avec le choix du plan général, et en arrière plan, comme là, le Botanique représenté sur un, la Porte des Halls sur le second, il suffisait de demander les monuments en représentation au lavis.


Le motif par excellence art nouveau est surtout représenté par les frises florales stylisées au bas des oeuvres, et l'utilisation notamment de feuille d'or, car le symbolisme, comme les travaux de Climt qui sont totalement complémentaire, et en rien différent.


Voilà quelques motifs prient de plus près:
































Moi j'étais personnellement époustouflé par la beauté des couleurs, qui prenaient un tout autre sens, lorsque la lumière du jour glissait sur les murs. L'arrière plan en lavis était comme une brume du petit matin, vraiment splendide.

Enfin, j'ai eu l'occasion également d'être en présence d'un guide qui cachait bien son jeu, car il était l'auteur d'un livre sur Adolphe Crispin sur lequel je reviendrai la semaine prochaine, et de Primat Livemont, un peintre, afficheur, sgraffiste, d'un renom apparemment moins diffusé que Mucha, le praguois, mais de la même époque. Il a signé notamment des affiches pour les Absynthes, un peu comme Toulouse Lautrec. Parmi ces affiches, nous disposions d'une copie d'une peinture sur céramique qui servait d'enseigne à un magasin d'habillement dans l'Ilot Sacré près de la Bourse:


La femme représentée est paraît il sa femme, qu'il peignait souvent. Elle fait partie du monde des muses, des femmes insaisissable, ce que l'on perçoit à travers son regard totalement indifférent. Il y a un côté japonisant important, avec le cerisiers en fleur à l'arrière, et un travail important également à travers la couleur. Apparemment, le coup de pinceau serait plus brutal que celui de Mucha, et une des particularité serait le contour de ses sujets, rehaussées par un espace laissé blanc pour insister sur les formes.

La recherche de préciosité, de charme est en lien direct avec le type de commerce que doit vendre l'enseigne. Ce panneau se trouve au-dessus d'un casino aujourd'hui, j'vais tenter dans une prochaine ballade dans le centre de mettre la main dessus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu as écrit : "petits chapiteaux ornés de carré"

En fait, ces "carrés" s'appellent des denticules (non, je ne t'insulte pas, c'est bien le vocabulaire de l'ornement).