mercredi 29 octobre 2008

Godin à Bruxelles

Jean-Sebastien André Godin, un industriel parti de rien et qui a monté la plus formidable histoire du socialisme utopiste en France, à travers le phalanstère de Guise et de son usine de poêles en fonte. C'est dans l'ère de l'industrialisation, à partir du milieu du XIX è siècle, que cet homme s'installe dans la petite ville de Guise en Picardie.

Il construira à Bruxelles une entreprise sur le même principe, pensant à un éventuel exil en Belgique, si l'Etat français continuait harcèlement débuté. A l'époque, Napoléon III arrivant au pouvoir, les idées socialistes n'étaient pas les plus populaires, et qu'un homme vive avec une société d'hommes en semi-autarcie étaient encore plus mal venu.




Bref, Godin avait prévu son plan de secours, celui-ci étant de s'installer à Laeken et continuer son projet en Belgique. J'ai découvert ça le week-end dernier, en sortie à Guise. Et bien entendu, à peine ai-je entendu le nom de Laeken, que je me suis empressé d'y jeter un œil.




En quoi consistait le phalanstère de Guise:
Les ouvriers bénéficiaient d'une série d'avantages en terme de logement (espace, lumière, air), non pas l'eau courante encore, mais chaque étage des immeubles étaient alimentés par une fontaine, et des toilettes. Un théâtre, une piscine, une buanderie à l'extérieur, ainsi qu'un jardin d'agrément avec des serres chauffées par les eaux de l'Oise, réchauffées par leur passage dans les hauts fourneaux de la fonderie.
Tout autour, les ouvriers bénéficiaient également de petits jardins, mais ceci fut une négociation avec Godin, qui avait prévu un économat qui leur offrait tout ce dont ils avaient besoin à des prix extrêmement réduits. Ils payaient grâce à un livret de compte qu'ils alimentaient à partir de leur salaire. Ce livret permettait d'ailleurs d'acheter à crédit sans intérêt jusqu'à un certain plafond sans doute. Pour finir Godin mit son entreprise en gestion partagée avec ses ouvriers, devenant un actionnaire comme eux. Il fut élu gérant par les ouvriers.

J'imagine que l'usine de Laeken était gérée de la même façon. Il est juste dommage que cette utopie réalisée, ce que Charles Fourier, Saint Simon, Benjamin Constant et tant d'autres ont espéré, que seul Godin a réussi, présent sur deux pôles en France et en Belgique disparaissent sous les coups de la modernité. Depuis peu, un projet européen réhabilite le site de Guise. Je ne sais pas ce qu'il en est pour celui de Laeken, mais de ce que j'ai pu lire sur les différents sites au sujet du projet utopia, il n'est pas pris en compte.

Pour quelques chiffres, il est sûr, que Guise c'était plus de 1000 ouvriers à la fin du XIXe siècle, alors que Laeken que 263. Mais au-delà de ce comparatif qui n'explique rien, le site est encore à peu près sur pied, mais apparemment en cours de déstructuration généralisée. Est-ce que quelque chose à bougé depuis le dernier article en ligne de mai 2008?


A mon avis, ce serait vraiment intéressant que ces deux sites retrouvent leur histoire, et qu'au lieu d'être de simples lieux de passages, notamment pour Laeken, qu'on s'y arrête deux minutes, et qu'on réfléchisse devant ces restes de bâtiments recelant une des plus grandes aventures humaines! Il paraît que l'entreprise a été fermée dans les années 1960's, donc ce n'est pas si vieux que ça toute cette histoire....




J'ai piqué toutes ces photos sur le site d'inter-environnement Bruxelles, remerciant ainsi Guido Vanderhulst... J'ai perdu malheureusement les miennes dans un empressement de mise à jour de mon numérique... Bref, j'espère que son appel sera entendu! Sauvons ce qu'il reste de Godin à Bruxelles!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai en tout cas constaté que la presse n'a eu que peu d'intérêt sur le passé des usines Godin. Les détails, les chiffres, les photos vont au projet du centre commercial.
Le principe du familistère (nommé phalanstère sur le site français) est en tout cas étonnant. Difficile d'imaginer cela à notre époque.